Introduction aux bijoux régionaux

Bijoux régionaux anciens - Introduction

 

L’industrialisation est arrivée tôt en France, comparé aux autres pays européens, et Paris et Lyon devenaient d'importants centres de production industrielle de bijoux vers le milieu du 19ème siècle. Bagues, broches et croix estampées pouvaient être produites bien moins chères qu'avec le procès de cire perdue, et un système efficace de distribution assurait que des quantités importantes pouvaient être disséminées à travers la France. Les bijoux étaient vendus en gros aux bijoutiers détaillants et également à des colporteurs qui les vendaient de porte à porte et lors de réguliers foires et pardons.

De nombreux bijoux étaient faits en or laminé : comme un “sandwich” constitué d’une plaque de cuivre entre deux fines plaques d’or et compressé entre deux rouleaux pour obtenir l’épaisseur désirée. Des sociétés telles que Fix, Murat et Oria, fondées en 1829, 1847 et 1897 respectivement, étaient spécialisées dans la production de bijoux de haute qualité en or laminé. Pour la première fois dans l’histoire, les peuples pouvaient porter des bijoux qui ressemblaient, à s'y méprendre, de l’or et la demande était forte dans une France de plus en plus prospère.

La popularité des bijoux en or laminé stimulait la demande des personnes qui en avaient les moyens pour des vrais bijoux en or, et bien que certains bijoux or étaient fabriqués industriellement, une bonne partie était faite localement, et surtout des bijoux régionaux.

Il y a, en fait, trois sortes de bijoux régionaux français. D'abord, il y a des bijoux régionaux anciens qui étaient portés pendant l’âge de gloire des bijoux régionaux, entre 1750 et 1840.  Ces bijoux ont pu évoluer d’une simple bague ou croix à quelque chose d'unique à cette région par un procédé de successives et même presque imperceptibles mutations et adaptations. 

 


Croix dite "Saint-Esprit à filigranes", Aquitaine

L'exposition internationale de Londres en 1872 a vu de nombreux pays exposer leurs costumes et bijoux traditionnels paysans sur leurs stands et la France ne faisait pas exception avec une grande présentation de costumes et de bijoux de Bretagne. Cela a stimulé une mode en Angleterre où il n'y avait aucune tradition de bijoux régionaux et bientôt beaucoup de femmes anglaises portaient et collectionnaient des bijoux régionaux européens. Les fabricants français ont relancé la production de bijoux régionaux et les bijoutiers anglais ont même commencé à les copier. La mode s'est étendue à la France et aujourd'hui il peut être difficile de déterminer si un bijou régional du XIXe siècle a été porté dans le cadre d'un costume traditionnel ou par des citadines lors d'une mode passagère. On peut considérer ces bijoux régionaux tardives comme une deuxième sorte, et bien qu'en apparence ils peuvent être similaire voire identique aux premier type, c'est leur utilisation (et souvent leurs poinçons) qui les différencient. Avec l'arrivée des chemins de fer au 19ème siècle, le tourisme s'est développé en France et les bijoutiers dans de nombreuses villes fabriquaient des bijoux régionaux pour les touristes. Les épingles de pardon de Bretagne étaient particulièrement appréciées par des touristes, bien que ces épingles fussent souvent fabriquées en Bohême. La ligne entre le premier et le deuxième type de bijou régional reste flou et il est même possible que la production de bijoux pour les touristes ait stimulé les femmes de la région de porter ces bijoux. Et où doit-on situer par exemple les luxueuses parures auvergnates émaillées, avec pendentif Saint Esprit d'Aurillac assorti d'un collier et des pendants d'oreilles ?  Production anecdotique pour les bourgeois d'Aurillac ou souvenirs de luxe pour des touristes fortunées ou les deux ?  Impossible de savoir.

 


Croix "auvergnate", argent et verre

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Cette croix, bien qu’en apparence auvergnate, tend à se retrouver partout en France et porte toujours des poinçons parisiens. Elle semble être une invention purement parisienne, fabriquée et vendue entre 1870 et 1920 lorsque les bijoux régionaux sont devenus extrêmement à la mode dans les villes.

 

 


Facture de Mr. Bonsaquet de Chambéry à Mr. Camps d'Aurillac pour des bijoux régionaux mentionnant qu'il fabriquait des croix de Savoie
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Bijouterie de Monsieur Camps d'Aurillac, spécialisé dans les bijoux d'Auvergne
On peut voir ci-dessus une facture prouvant qu'il achetait des bijoux régionaux anciens et moderns
auprès de Mr. Bonsaquet de Chambéry



Les bijoux en pentacrines de Dignes ont été créés vers 1850, les croix fleuries de Savoie vers 1880, la croix de Camargue en 1926.  Les croix fleuries de Savoie continuent à évoluer et aujourd'hui plusieurs orfèvres de Savoie s'amusent à reproduire des croix des églises centenaires en or ou en argent pour faire des croix "régionales" destinées aux touristes.
 

En 1907, Paul Edel écrivait - "Certains collectionneurs avisés, désespérant de mettre la main sur les coffrets à bijoux des grandes dames, ont songé à recueillir, dans les provinces, ces parures villageoises jalousement conservées de mère en fille, croix normandes, Saint-Esprit d’Auvergne, dotés de gros cabochons de couleur comme des orfèvreries mérovingiennes, larges agrafes d’argent poitevins, croix huguenotes des Cévennes.  L’idée est heureuse et l’on peut espérer encore d’intéressantes trouvailles. Mais il faut se presser.  La contrefaçon s’est déjà emparée de ces modestes joyaux.  Les bijoux d’Auvergne, vendus aux baigneurs de Royat, du Mont-Dore, de la Bourboule, se fabriquent dans une rue voisine du boulevard du Temple, et les croix normandes dans le quartier de l’Opéra."  (6)

Henri Clouzot, conservateur du musée de Trocadéro, lamentait en 1922 en regardant la collection Chapsal, "Mais .... les parures originales ont péri. Les riches bijoux n'existent plus. Cette modeste vitrine des provinces françaises est peuplée d'ombres .... ombres à demi effacés et prêtes à disparaître elles-mêmes devant l'invasion de la bijouterie dite d'imitation de la rue des Archives ou de la rue du Temple."


Des reproductions de bijoux régionaux anciens sont encore faites aujourd’hui, cependant ces bijoux ont tendance à être plus petits et moins flamboyants que les plus spectaculaires des bijoux régionaux anciens.  Certains de ces bijoux régionaux sont achetés par des membres de groupes folkloriques qui n’ont pas les moyens ou l’envie de porter les anciens, et d’autres sont achetés tout simplement pour garder en vie la tradition et pour leur beauté et histoire. Nombreux sont les villes et villages qui organisent des fêtes et des journées folkloriques annuelles où des résidents se parent de leurs costumes régionaux pour circuler en ville et se faire admirer et photographier. 



 
 

 


 Femme avec croix de Saint Lo

 

         
Croix de Saint Lô en argent et strass avec les pointes de la culasse peint en noir

 

Vers le fin du XIX siècle, les bijoutiers parisiens qui fabriquaient des bijoux régionaux français faisaient de leur mieux pour les rendre aussi antiques en apparence que possible. Sur les diamants et les strass anciens, le point de la culasse formée par la réunion des facettes, au lieu d'être en un seul point, était facettée, et donc pour que les pierres de taille modernes ressemblaient aux anciennes, les bijoutiers peignaient une tache noire sur la culasse de la pierre.


Et finalement, il y a la troisième sorte de bijou régional qui a été fait récemment avec des motifs non traditionnels et qui est porté pour montrer son attachement à sa région. La Bretagne a probablement le marché de bijou régional le plus actif et les symboles celtes, comme la triskèle, sont populaires sur les bijoux bretons, dont la plupart sont faits en argent et achetés par les jeunes ou par les touristes. L'Alsace a la cigogne comme motif, la Lorraine le chardon, la Camargue le taureau, la Champagne les grappes de raisins etc. 

 

 

L'étude des bijoux régionaux


L’étude des bijoux régionaux français est un passe-temps fascinant. Il reste encore tellement à découvrir : ce qu’il faut c’est observer constamment, lire, chercher et se « nourrir » de tout ce qui ait possible pour que de nouvelles découverts, idées ou conclusions émergent. Par exemple, on ne peut pas, comme l’ont fait certains auteurs, tirer des conclusions en ce qui concerne la popularité d’un bijou dans le passé en regardant simplement la fréquence avec laquelle on le retrouve aujourd’hui. Bien que ceci peut-être un indice, d’autres facteurs beaucoup plus important doivent être pris en compte.


Pendants d'oreille
"fileuses" en or laminé

Les pendants d’oreille fileuses, les "grappes de raisins" du Pas de Calais et les boucles d’oreille en filigranes de la région de Dieppe sont extrêmement rares aujourd’hui et pourtant elles semblent avoir été beaucoup vendues au 19ème siècle si on peut se baser sur les documents et photographies retrouvées. Sur une planche de modèles de la Maison Baudet, bijoutier fabricant à Paris au début du 19ème siècle, on ne dénombre pas moins de quatorze modèles de Polletaises (fileuses). (2) En fait, l’explication de leur rareté est assez simple si vous possédez une connaissance du marché de bijoux. 

Ces pendants d’oreille étaient faits en or estampé, ce qui impliquait qu’un bijoutier devrait fabriquer d'abord plusieurs matrices en acier massif pour ensuite estamper les bijoux. Les pendants étaient faciles et pas chers à fabriquer tant que les matrices existaient, mais les pendants étaient très difficiles à réparer car creux et légers. Une fois les matrices étaient trop usées ou cassées, la production s’arrêtait sauf si la demande était suffisante pour faire graver de nouvelles matrices. 

Il est probable que les pendants d’oreille continuaient à être portés bien après l’arrêt de leur fabrication et donc petit à petit tous ont finis par s’user, se casser ou se perdre pour n’en laisser que très peu parvenir jusqu’à nous. De plus, les pendants d’oreille sont plus sujets à la perte que des bagues, broches ou colliers.
Si une femme en cassait ou en perdait un, il y avait de forte chance que celui restant soit fondu et qu’un autre bijou soit acheté.

 

 

 


Pendant d'oreille
région Dieppe, or


Catalogue de la production de Baudot, Paris, époque Empire.

 


Il reste encore des ateliers en France qui emploient des matrices pour estamper des bijoux et d'autres objets, et ils ont des très belles collections de matrices du 19ème siècle. Ils sont prêts à les remettre en service si vous passez une commande raisonnable. Mais ils n’ont pas de matrices pour les pendants d'oreille fileuses, par exemple, ni pour la croix Jeannette, qui était pourtant à l’époque la croix la plus répandue en France. Comment se fait-il qu’ils n’aient plus de matrice pour une croix si commune ? L’explication est encore très simple : les fabricants ont continué de produire ces croix jusqu’à ce que la dernière matrice soit cassée et depuis personne n’a été prêt à payer les quelques milliers d'euros que couterait la réédition d’une nouvelle paire de matrices. Bien que les croix Jeannette soient encore produites aujourd’hui, elles sont réalisées par moulage au lieu d’être estampés. Ceci en augmente le prix, car bien que le poids d’or soit supérieur, l’investissement de départ pour le bijoutier est moindre.


Beaucoup d’autres bijoux pouvaient être facilement réparés et ont donc survécus 150 à 200 ans dans les coffrets à bijoux ou chez les collectionneurs. Mais plus un bijou est lourd, plus il est probable que le propriétaire le fera fondre lorsqu’il sera usé ou démodé. L’or a toujours été cher et malgré la hausse récente du prix de l’or, les bijoux en or sont bien plus abordables aujourd’hui qu’il y a 150 ans. Le boom du prix de l’or en 1980 puis en 2011 a vu la fonte d’énormément de bijoux anciens et il n’est pas vrai que les bijoutiers ne fondent pas les bijoux régionaux anciens. Beaucoup ne sont pas capables de les reconnaitre ou ne veulent pas avoir à s’embêter à les réparer ou à les traiter séparément ; c’est tellement plus facile de tout mettre à fondre chaque semaine. Certains de mes meilleurs achats ont été effectués en achetant tous les bijoux d’acheteurs inexpérimentés au même prix que les fondeurs les offraient et de trier le lot. Quand je demande à des bijoutiers s’ils ont déjà eu des bijoux régionaux, la plupart me disent que non, mais quand je leur montre des photos, ils me répondent généralement qu’ils en ont eus et qu’ils les ont fondus.  Les douanes françaises terrorisent les bijoutiers avec leurs raids inopinés au cours desquels ils confisqueront tout ce qui n'a pas été poinçonné correctement ou clairement identifié dans le livre de police. Il arrive même que les douaniers volent des bijoux lors de leurs "contrôles". Beaucoup d'acheteurs d'or ont abandonné d’essayer de se conformer aux exigences constamment changeantes imposées par les douaniers et préfèrent simplement tout faire fondre. On ne saura jamais quelle part de notre patrimoine a été détruite par des tels excès de zèle ...

 


 Saint Esprit normand en or et strass


Chaque génération laisse des bijoux à la génération suivante et l’héritier regarde chaque bijou avec un œil critique : Vais-je le porter ? A-t-il une valeur sentimentale ? Est-il beau ? Combien puisse-je en obtenir ?  Il est évident qu’un beau bijou avec une valeur sentimentale élevée à plus de chance d’être conservé pour les générations futures qu’un bijou démodé ou usé avec peu de valeur familiale mais d’une valeur intrinsèque élevée.

Essayer de déterminer la popularité des bijoux en regardant les preuves iconographiques est tentant, cependant il y a trop peu de documents pour chaque bijou et on peut supposer que les personnes ayant assez de moyens pour pouvoir avoir une portrait d’eux-mêmes ne représentaient pas l’ensemble de la population. Tout comme aujourd’hui, quand une femme au Maroc ou en Algérie va louer des bijoux pour son mariage si elle n’a pas les moyens de les acheter, nous ne pouvons pas en déduire ce que porteraient les femmes dans la rue il y cent ans si nous n’avions que ces tableaux, gravures et Daguerréotypes comme documents. Lanté et Gatine, quand ils ont essayé de faire un inventaire des costumes des femmes normandes en 1811 pour leur recueil de costumes, ont admis que souvent les costumes n’étaient plus régulièrement portés par les femmes et ils ont dû convaincre certaines d’entre elles de les sortir des placards et de les porter pour eux. (3)


Un autre champ d’étude est d’essayer de déterminer les zones géographiques exactes dans lesquelles les différents types de bijoux étaient portés. Beaucoup de bijoux régionaux sur le marché aujourd’hui n’ont pas d’indication sur leur lieu de provenance, pourtant ceci est primordial.  Si j’achète une croix à Rouen, je vais essayer de savoir du vendeur où il l’a obtenue, et avec un peu de chance, il pourrait me dire que la croix venait de sa grand-mère qui a passé sa vie à Criqueboeuf-sur-Seine.  C’est une information importante, mais même si je n’ai pas toute l’histoire, le fait que la croix ait été achetée à Rouen est important et doit être consigné.  Bien sûr des familles peuvent déménager ou collectionner des bijoux d'autres régions, mais peut-être 90% des bijoux n’ont jamais bougé bien loin.  Toutefois la plus belle croix de Saint Lô que j’ai achetée, je l’ai trouvée à Epinal, (difficile d’être plus loin de Saint Lô tout en restant en France), et le vendeur était incapable de me dire comment sa famille l’avait acquise.


Croix écotée en or


 

Pour découvrir quel bijou était porté dans une région il faut observer, faire des recherches et analyser toutes les informations possibles : archives des fabricants et notaires, anecdotes et informations dans les livres de la même période, photographies, poinçons, trouvailles par les détecteurs de métaux ou achats par les bijoutiers.  En somme, toutes les bribes d’information utilisées par un détective pour résoudre un mystère. Avec le temps, on arrive à avoir une impression générale qui se rapproche le plus possible de la vérité.  Les travaux effectués par Marguerite Bruneau consistant à éplucher des centaines d’actes notariés du 17ème au 19ème siècle est remarquable et prouve que le travail de fourmi est souvent récompensé. J’étudie les bijoux régionaux français depuis plus de 25 ans et j’en sais certainement plus aujourd’hui qu’il y a 20 ans, et je l’espère bien moins que dans 20 ans.

L’évolution des bijoux régionaux est un autre domaine où beaucoup reste à découvrir. J’ai expliqué sur ce site comment je pense que la croix de Rouen a évoluée à partir de la simple quadrille mais l’histoire de l’évolution de la quadrille, la croix de Saint Lô, la croix de Caen et bien d'autres reste à découvrir. Pour ceci, il faudrait étudier tous les bijoux, leurs poinçons, leurs différents (miniscule marque de ville gravé dans le poinçon) et toutes les photos possibles afin d’essayer de discerner les subtiles différences entre elles et avec de la chance les spécificités de chacune et les poinçons permettraient de dater les différentes formes.    
"Poissardes" en nacre repercé
et acier transformés en broches


Pendants d'oreilles "poissardes" en nacre et or

 

 



Très grands pendants d'oreilles poissardes normands en or

 


 Poissardes en or
 

 

Les pendants d'oreille dits "poissardes" sont très intéressants à étudier. Il me semble probable que ces pendants d'oreille ont pour origine des simple coquilles de moules polis et portés à l’oreille des vendeuses de poissons comme signe de reconnaissance. Avec l'inévitable évolution ils se sont garnis de clous d'acier, puis de l'or pour finir, pour le plus somptueuses d'eux, entièrement fait en or comme ceux à gauche. Après ils sont évolués vers les poissardes plus travaillés illustrés où la forme de moule n'est qu'un souvenir.

 


Il y a un autre chose qui est trop souvent oublié : les photos et cartes postales anciennes montrent souvent des femmes âgées portant des costumes et bijoux régionaux. Les groupes folkloriques ont souvent des membres et un public assez âgés. Mais la mode est faite par les jeunes, et comme l’écrivait le préfet de Normandie en 1801, c’étaient les jeunes filles, surtout celles qui fréquentaient les marchés, qui dictaient la mode des coiffes hautes qui ont fait la renommée de la Normandie. Il y a deux cent ans les jours de marché étaient l’équivalent de nos rues commerçantes d’aujourd’hui; c’était où on allait pour voir et pour être vu. Les bijoux et costumes régionaux étaient des objets de mode. (4)

La plupart des collectionneurs de bijoux régionaux français se contentent de ramasser autant d'objets le plus rapidement possible, négligeant souvent de rechercher suffisamment leur sujet. Certains prennent le temps de trouver et de consulter les différentes références disponibles et d'autres font même des recherches originales. Malheureusement, quelques-uns de ces derniers gardent jalousement leurs découvertes pour eux-mêmes. Où en serions-nous aujourd'hui si les pionniers de la science, de la médecine, de la physique et de l'ingénierie avaient gardé leurs découvertes pour eux-mêmes plutôt que de les partager avec le monde? Ce site existe pour partager librement autant que possible les connaissances actuels sur les bijoux régionaux français et je remercie les quelques collectionneurs qui me tiennent régulièrement au courant des résultats de leurs recherches et m'envoient des photos de leurs collections et trouvailles. J'encourage d'autres collectionneurs à faire de même, et de redonner à ce passe-temps une partie de ce qu'il vous a donné.


Le marché des bijoux régionaux anciens est une petite niche, et c’est compliqué pour un professionnel de trouver un acheteur sauf s’il a déjà un client ou s’il a le temps d’utiliser l'Internet. Pour un collectionneur, c’est une passion coûteuse et chronophage d’essayer de bâtir une collection complète et peu ont essayé (à ma connaissance celles de Lionel Bonnemère et de Michel Yvon étaient les plus complètes ; j'ai vendu certains pièces à Michel Yvon et il a continué à agrémenter sa collection jusqu’à peu avant son décès. Les deux collections ont été léguées au Musée des Arts et Traditions Populaires, sont désormais au MuCEM et sont consultable par l'Internet). Et bien que certains des bijoux régionaux ne peuvent plus être portés aujourd’hui, beaucoup peuvent si les femmes montraient un peu plus d'originalité. 

Henri Clouzot se désolait déjà en 1934 "Il serait bon de faire comprendre aux jeunes générations que, même sur une robe à la dernière mode, un jaseron, une croix Jeannette, un cœur normand ne sont pas plus déplacés qu'un bijou "fantaisie" fabriqué en série dans une usine du Marais."  (5) Les bijoux régionaux sont une partie de notre histoire, et bien qu’ils ne puissent pas parler et nous dire tout ce qu’ils ont vu, ils sont de remarquables témoins de notre identité culturelle. Une exposition sur les bijoux régionaux, comme celle de 1997 qui s’est tenue dans plusieurs musées de France et qui a enchanté les foules, est attendue avec impatience.

 

Mike

 

 

 

Guide rapide de l'identification des croix régionales

 

Croix sans Christ

articulé – Nord, Normandie, Languedoc Roussillon, Provence, Savoie

avec bras de longueur égale - Savoie

avec pendeloquesBéarn - Haute Pyrénées, Bretagne, Centre, Nord, Savoie

avec diamantsNord, Picardie, Provence

avec grenats ou citrines – Auvergne, Languedoc Roussillon

avec strassAuvergne, Béarn - Haute Pyrénées, Normandie, Provence

baton - Bourgogne, Savoie

émaillée – Alsace, Languedoc Roussillon, Provence, Savoie

en filigraneBéarn - Haute Pyrénées, Nord

rayonnante - Savoie (la croix fleurie)

plate – Bretagne, Centre, Dauphiné, Poitou, Provence, Savoie

reliquaire - Bretagne

tubulaire – Bretagne, Savoie

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Croix avec Christ sans Marie

simple ou ajourée - Dauphiné, Savoie

avec graines - Champagne, Ile-de-France

avec pendeloques – Auvergne, Centre, Limousin, Nord

creuse avec décor de lentilles - Ile-de-France

creuse et plate - Provence

pleine – Alsace, Champagne, Lorraine

tubulaire - Languedoc Roussillon, Savoie

_________

Croix avec Christ et Marie

simple ou ajourée - Alsace, Bretagne, Centre, Savoie

émaillée – Auvergne

avec pendeloques – Auvergne, Bretagne, Centre, Limousin,

rayonnante – Bretagne, Centre, Champagne, Savoie

reliquaire - Bretagne, Centre

 

 

Sortie du livre Les Bijoux des Français

 

 

Livre - Les Bijoux des Français

 

 

v      

 

 

 

 

 

 

28 août 2021

 


Chers collectionneurs, commissaires-priseurs, marchands et amateurs,

Vous avez visité le site www.bijouxregionaux.com qui depuis 
2009 répertorie tous les bijoux régionaux et traditionnels français, sans publicité et sans ventes.

À la suite de la demande du public, ce site est enfin disponible en livre, bien plus complet et avec de nombreuses nouvelles photos et textes qui ne sont pas sur le site. J’ai fait plus de 4500 km en 2020 pour visiter les divers collectionneurs et musées de la France et photographier, peser, mesurer et examiner leurs bijoux.

Grand format de 23.5 x 30 cm, de 304 pages, broché et tout illustré en couleur, ce livre est le premier référence complet sur le sujet et corrige les nombreuses erreurs et lacunes constatées dans les autres références et présente d’autres bijoux régionaux jusqu' alors inconnus du public. Vous trouverez huit pages sur les épingles et fibules bretons et des nombreux autres bijoux dans les musées qui ne sont pas sur ce site. Plus de quatre mois de recherches ont été faits pour que le chapitre sur les poinçons soit le plus fiable jamais mis sur la marché - des illustrations claires des poinçons ont été faites spécialement pour ce volume. Et pour la première fois, les collectionneurs auront accès à une liste complète de tous les différents, les petits signes dans les poinçons qui permettent d'identifier dans quelle ville les bijoux ont été poinçonnés.  Les dates d'ouverture et fermeture depuis 1798 des bureaux de garantie sont également répertoriées pour la première fois, permettant, avec les différents, de mieux dater vos bijoux.


Vous savez peut-être que certaines autres références sur les bijoux régionaux, par exemple Les Bijoux Traditionnels Français ou Les Croix de Savoie sont quasiment introuvables aujourd'hui et se vendent pour plus de €450 sur l’internet. Et n'oubliez pas que Les Bijoux Traditionnels Français, jusuq'a maintenant le bible des collectionneurs, a couté 350F lors de sa sortie en 1998, l'equivant de €73 ajusteé pour l'inflation (selon simulateur de l'INSEE).

C'est pour ça que je vous conseille de commander vos exemplaires tôt car le tirage est très limité.  
 

Un exemplaire                                   €75                                   frais d’emballage et d’envoi            €9 par La Poste ou €6 par Mondial Relay

Deux ou plus d'exemplaires             €75 par volume               frais d’emballage et d'envoi            €9 pour l'ensemble ou €6 par Mondial Relay

 

Pour passer commande, vous pouvez envoyer votre chèque à l'ordre de M. Fieggen à 280 rue Saint-Honoré, 75001 Paris.

Pour les virements en euros, vous pouvez envoyer à - IBAN – Titulaire Michael Fieggen - FR76 4061 8803 9700 0403 3233 171 – BIC – BOUSFRPPXXX

Pour les virements en livres Sterling – Titulaire/Account holder : Michael Fieggen, 280 rue Saint-Honoré, 75001 Paris.
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bijouregional@gmail.com           

 

 

 


 

 

(1)   FERRY, Bruno., L’art patriotique face à l’annexion - Alsace-Lorraine -1871-1918. Editions du quotidien, Strasbourg, 2015.

(2)   Planche de dessins de la Maison Baudet, 1810-1820, Michel Yvon

(3)   LANTE et GATINE., Costumes des femmes du pays de Caux et de plusieurs autres parties de l'ancienne province de Normandie, le Goupey, 1827

(4)  SAINT-AMAND, MASSON., Mémoire statistique du département de l'Eure, adressé au ministre de l'Intérieur d'après ses instructions par M. Masson Saint-Amand, préfet de ce département, publié par ordre du gouvernement.  A Paris, de l'imprimerie impériale, an XIII

(5)  CLOUSOT, Henri., Les Bijoux Populaires, Le Figaro, jeudi 9 août 1934

(6)  EUDEL, Paul., Truc et truqueurs, 1907

 

Bijoux régionaux anciens - Introduction